Construire un Q-Sort pour la formation

Domain of activity
  • Animation of group
  • Training
Objective of the tool/method Le Q-Sort est une technique de tri (sort) qualitatif (Q) développé par un statisticien américain à la fin des années 60. Cet outil permet de récolter, plus finement qu'avec un questionnaire ou une échelle d'attitude, les appréciations subjectives et les réflexions personnelles. **Pourquoi ?** Lorsqu'on aborde en formation un sujet a priori consensuel (l'éducation, le bien, la responsabilité, la complexité...), on prend le risque de passer « à côté » des multiples interprétations que ne manquent pas de projeter les membres du groupe sur ce sujet. On parle alors de « représentations », de « déjà là », de valeurs. Ainsi, **derrière un apparent consensus, l'hétérogénéité des points de vue, des interprétations peut venir parasiter la construction du groupe, la mise en place d'une culture partagée et être source d'incompréhensions** plus ou moins profondes avec des conséquences plus ou moins importantes sur la dynamique du groupe et le développement (cognitif, professionnel, affectif...) de chacun de ses membres. **Pour quoi ?** La démarche proposée par le test du Q-Sort permet de **faire émerger, de donner à voir, l'hétérogénéité des représentations du groupe** en portant un regard sur les positionnements de chacun des membres vis-à-vis des propositions faîtes. Si l'on s'en tenait à cela, la démarche serait bien sur informative mais assez peu formative. Ainsi, au-delà des positionnements individuels dans le groupe, le fait de créer les conditions de mise en discussion collective de ces prises de position amène chacun des membres du groupe à aller puiser dans ses ressources intellectuelles et émotionnelle pour argumenter ses choix (conceptualisation) et de les mettre, de cette manière en question, en confrontation (controverse). L'objectif n'est pas **tant de viser un consensus, mais plutôt de faire partager les dissensus de manière à en faire des outils de développement, de réflexion, des leviers...** Et non des points d'achoppement qui pourraient devenir des freins. **Pour qui ?** La démarche de Q-Sort est souple, simple à mettre en œuvre et ne demande pas de dispositif particulier. Elle est donc adaptée et adaptable à une grande variété de situations, de publics. Elle est notamment pertinente dans les phases de démarrage de situations d'enseignement-apprentissage lorsque une notion, un concept nouveau et central est abordée. Ainsi, de la maternelle à l'Université, du cadre scolaire au cadre professionnel et professionnalisant, **tous les types de « publics » peuvent bénéficier de cette démarche**.
Description of the tool **Comment ?** Un Q-Sort est un **ensemble de propositions, d'affirmations, de citations compilées** dans un tableau ou sous forme de liste qui font écho à une problématique donnée : « faire apprendre, c'est d'abord... » ou « éduquer à la responsabilité c'est... », ou encore « prendre en compte la complexité des situations cela revient à... ». Le nombre de propositions est variable et dépend essentiellement du temps que l'on souhaite consacrer à cette démarche dans la formation et du niveau de complexité du sujet abordé. En général, un minimum de 20 à 30 propositions permet de** « balayer » les différentes dimensions du sujet**. Pour permettre l'émergence des représentations et que les ferments d'une discussion soient présents, **les propositions doivent être construite de manière « rusée »**. Il s'agit de la phase la plus délicate de la construction de l'outil... Si l'on part du principe que l'objectif est de « faire discuter », de créer du débat, de favoriser les controverses, il est indispensables que les propositions ne soient pas des évidences, ne tombent pas sous le sens. Au contraire, elles **doivent être construites et formulées de manière à déranger, à être ambiguës, à être contestables... ** Par exemple, dans un Q-Sort concernant les modèles pédagogiques comportant 40 propositions, nous pouvons trouver les 3 suivantes pour la problématique « faire apprendre, c'est d'abord... » : 11. Bien organiser les traces écrites qui restent au tableau ; 21. Conclure chaque activité par un résumé très clair ; 38. Prendre appui sur l'expérience et le vécu des apprenants ; Par la formulation de la problématique (« … C'est d'abord... »), le lecteur est invité à prendre position. Premier dilemme car les propositions ne permettent jamais d'embrasser la totalité du sujet. Il va devoir choisir, et donc renoncer. Il fera de fait des choix « discutables » qui seront en effet mis en discussion de manière collective. Si la première « ruse » réside dans le fait d'**introduire de l'ambiguë dans l'articulation entre problématique et propositions**, une seconde « ruse » complémentaire réside dans la **construction d'une sorte de grille de lecture méta des propositions**. Pour reprendre l'exemple des modèles pédagogiques, les propositions ont été formulées avec, de façon sous-jacente, des références aux trois « grands » modèles identifiés en sciences de l'éducation : transmissif, comportementaliste et constructiviste. Cette grille de lecture méta représente une balise pour l'animateur. En effet, les propositions 11, 21 et 38 font chacune référence à une pratique, à une posture, relevant de l'un ou l'autre des modèles. Dans le cas présent, la proposition 11 se rapproche de la forme transmissive, la 21 de la comportementaliste et la 38 de la constructiviste... Il est alors important d'équilibrer le nombre de propositions relevant de l'une ou l'autre des catégories identifiées en amont... En d'autres termes, pour la construction des propositions, il est important de disposer d'une grille de lecture, d'une typologie en amont. Cette typologie, potentiellement partielle et partiale, donnera à l'animateur la possibilité de réguler les débats et de faire prendre recul et hauteur aux participants. **Animer un Q-Sort** Une fois produite, la grille (ou la liste) de propositions est soumise au groupe d'apprenants (de stagiaires...) et la démarche se décompose en 3 à 4 phases selon le temps imparti et la taille du groupe. - **Une première phase de lecture individuelle** (5 à 10 min) avec la consigne suivante : « parmi les propositions suivantes, choisissez-en x (entre 2 et 5 en fonction du nombre de propositions disponibles) avec lesquelles vous êtes complètement en accord et x avec lesquelles vous êtes complètement en désaccord ». - **Une seconde phase de mise en commun de ces choix en binôme** (10 à 15 min) avec la consigne suivante : « comparez vos choix et discutez pour choisir x propositions faisant consensus et x propositions faisant dissensus ». - **Une troisième phase de mise en commun de ces choix en rapprochant 2 binômes** (10 à 15 min) avec la même consigne que précédemment. - **Une dernière phase, avec le groupe complet** (20 à 30 min), de mutualisation des choix et surtout d'échanges concernant les difficultés rencontrées lors des recherches de consensus. C'est dans cette dernière phase que peut être levé le voile posé de manière rusée sur la méthodologie de construction de l'outil.
Contact Loïc Braida
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Town FLORAC
Author of the index card Marie-Laure Girault
Author structure Institut d'éducation à l'agro-environnement de Florac