Mener l'enquête

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Les savoirs agroécologiques sont complexes, non stabilisés. Ils mobilisent les dimensions sensibles, expérientielles, formelles, sociales, culturelles... L'identification et la caractérisation de ces savoirs est peu aisée et nécessite la mise en œuvre de démarches d'observation et d'analyse particulières apparentées à la démarche ethnographique.

Ces savoirs sont construits de façon complexe par les acteurs qui articulent diverses sources et modes de développement cognitifs : observation, problématisation, reproduction, adaptation, application, expérimentation... Il s'agit alors d'un processus multifactoriel de synthèse d'éléments très variés et variables qui concourent à la mise en œuvre d'une pratique « efficace » dans une situation et un contexte donnés. Le développement de cette « intelligence de la situation » n'obéit pas à une spatialité ou une temporalité définie et/ou définissable.

Ainsi, diachronique ou synchronique, proche ou lointaine, elle convoque des objets physiques et/ou sociaux et/ou culturels qui appartiennent intimement à chacun des acteurs. Ces derniers en ont une conscience plus ou moins fine, conceptualisée ou conceptualisable, formalisée ou formalisable, explicitée ou explicitable...

Ils sont « in-corps-orés » et les dire, se dire, les décrire, suppose pour leurs acteurs une démarche de prise de hauteur nécessitant la plupart du temps un accompagnement pour sonder, ramener à la conscience active, le raisonnement implicite de l'acteur.

De plus, les frontières, les contours de ces savoirs ne sont pas figés et sont largement perméables. Cette caractéristique induit une forme de labilité, de plasticité, d'adaptabilité et donc de « robustesse (1) en acte » de ces savoirs dans la mesure où, dès lors qu'ils s'expriment, c'est qu'ils sont valides (ou validés, i.e. considérés comme tels par l'acteur lui-même)...

La complexité de la conjonction des éléments à l'origine du savoir qui est valide pour une personne singulière, dans une situation donnée, en un lieu donné, à un moment précis et pour une activité particulièreâ?¦, représente un obstacle important dans la démarche de construction d'une forme de théorisation, de didactisation ou d'institutionnalisation.

Il semble en effet largement illusoire, voire péremptoire, de penser rendre transposable la pratique d'une personne ou la stratégie de telle autre tant les éléments de contexte sont multiples, à des niveaux variés, dans des dimensions diverses et souvent apparentés à un seul et même individu.
Il est, pour nous, incontournable de rechercher ce qui peut être transposable à un autre niveau.

Ce sont les motifs et les objectifs partagées par les deux parties précédentes (« favoriser la perception du concept d'agroécologie » et « Travailler les postures pour accueillir les savoirs agroécologiques »).

Les documents présents dans cette partie décrivent des techniques d'enquête, d'investigation qui partagent la caractéristique d'être très qualitatives et qui ont une visée compréhensive, d'explicitation.

Ces techniques vous amèneront à questionner non seulement les personnes ou les situations mais également, et surtout, les interactions entre elles. Les modalités de mise en œuvre de ces techniques impliquent toutefois un investissement humain important (proximité, confiance, disponibilité) qui représente un préalable au bon déroulement des entretiens.

La mise en œuvre de l'une ou l'autre de ces techniques dépend du contexte et des objectifs visées.
Il est généralement très utile, informatif, de croiser les données, les informations obtenues avec différentes approches pour gagner en finesse dans la « levée » d'information, la collecte de données et, par la suite, dans l'analyse.


(1) « Robustesse » étant ici entendue comme la stabilité de la performance d'un système. En d'autres termes, plutôt que d'opposer savoirs scientifiques (nantis d'une forme de robustesse) aux savoirs agroécologiques (servis par une forme non niable de robustesse), nous postulons que les démarches ayant abouti à l'adoption de pratiques de la part des agriculteurs sont profondément basées sur une approche expérimentale.

Ces démarches se sont bâties grâce au développement d'une forme d'épistémologie personnelle, locale, située, contextualisée... Ainsi, nous ne reconnaissons pas à la qualité de « robustesse », la valeur discriminante qui donnerait à voir les différences fondamentales entre ces domaines de savoirs. Autrement dit, face à un tel qualificatif pourrait se poser de manière pertinente la question suivante : « savoirs robustes ?! Pour qui ? Selon quel point de vue ?...

Ressources


Définition, intérêt économique et exemple de labellisation de produits de territoire en France

















Pour poursuivre votre découverte de l'itinéraire de formation :
@ Faire émerger et mettre en dialogue les représentations l'agroécologie avec un groupe d'apprenants ou comment Formaliser la perception du concept d'agroécologie ?

@ Comment décaler sa posture et son regard pour repérer, observer et recueillir les savoirs agroécologiques ou comment Se préparer à accueillir les savoirs agroécologiques

@ Approches et postures pédagogiques pour Favoriser l'appropriation des savoirs agroécologiques