Se préparer à accueillir les savoirs agroécologiques


L'une des principales difficultés, lorsqu'on aborde un domaine de savoir tel que l'agroécologie est que nous sommes, comme enseignant / formateur et comme apprenant, confronté à des savoirs largement implicites et très dépendant du contexte et du vécu antérieur de chacun d'entre nous.

Ces savoirs sont parfois qualifiés de « non stabilisés ». Nous considérons qu'il s'agit d'un abus de langage, dans le sens où, s'ils ne peuvent être généralisés et appliqués, telle une recette dans n'importe quelle situation, il n'en demeure pas moins qu'ils ont un domaine de validité et des lieux d'expression bien établis et que, dans cette perspective, ils sont opérants, pertinents, efficaces, efficientsâ?¦ Et donc relativement stables.

Le schéma suivant est une sorte de « rose des vents » qui permet de questionner les caractéristiques d'un savoir :

image Schema_Caracteristiques_SAE.jpg

-De quelle(s) nature(s) est(sont)-il(s) ? Savoir d'expérience ? Savoir savant ? Savoir culturel ? Familial ? Professionnel ? Quelle(s) forme(s) revêt(ent)-il(s) ? Un ensemble de pratiques non formalisées ? Des fiches techniques ? Une « tradition » orale ?

-D'où nous viennent-ils ? Quelle(s) en est (sont) le(s) origine(s) ? Ont-ils évolué dans le temps (dynamique) ou sont-ils identiques depuis toujours ?

-Quel(s) en est (sont) le lieu d'expression ? Très localisé ? Davantage partagé sur un territoire ?
-Quel(s) en est (sont) les domaines de validité ? Une pratique culturale ? Un domaine de production ?Un terroir ? Un groupe de pairs (voisinage par exemple) ? Un milieu professionnel plus large ?
-Qui en sont les auteurs / acteurs ? Perdus dans la tradition ou plus précisément identifiables ?
-Qui en sont les usagers ? individu(s) ? collectif(s) ?
-Ce savoir fait-il l'objet d'une forme de jugement ? Est-il valorisé de façon différente d'un milieu social à un autre ? (A l'école ? Chez le maître d'apprentissage ? A la maison ?)
-Comment et par qui est-il légitimé ? L'est-il de façon implicite ? Explicite ?

Pour user d'une analogie simpliste mais potentiellement explicite, aborder l'enseignement du théorème de Thalès n'implique pas la même démarche didactique que celui d'un savoir agroécologique. C'est en cela que la nature épistémologique des savoirs en jeu nous semble importante et que les démarches mise en œuvre en formation apparaissent singulières d'une situation à l'autre.

Dans le premier cas, nous sommes en présence d'un savoir stable depuis plusieurs siècles, dont l'origine n'a que peu d'influence sur son domaine de validité qui est à très fort spectre, et où ses lieux d'expression, sont fortement standards et identifiés. Il est de nature mathématique, complètement valorisé, adoubé par le monde scientifique et possède une forme scolarisé et scolarisable.

Dans le second cas, nous sommes en présence d'un savoir qui n'a, dans la plupart des cas, pas fait l'objet d'une formalisation ou d'une conceptualisation classique, canonique. Il est « robuste en acte », c'est à dire qu'il trouve son domaine de validité et sa pertinence dans une configuration contextuelle particulière (sociale, culturelle, géographique, agronomique, écologique...), précise, souvent unique (i.e. : là même où ce savoir s'exprime) et que ceux qui le mettent en œuvre, sont les mêmes (et parfois uniquement eux) qui en valident l'efficience. Il peut, à ce propos, faire l'objet d'ajustements plus ou moins profond en fonction des besoins, des attentes, des personnes ou plus simplement des circonstancesâ?¦

Le caractère relatif de ces savoirs a pour conséquence directe de mettre en situation d'inconfort à la fois apprenants et enseignants / formateurs, contraints alors de remettre en cause les attendus implicites et explicites de l'enseignant et de l'apprenant.
Les documents proposés dans cette partie permettent d'expérimenter, de vivre et faire vivre, des décentrations par rapport à une conception absolutiste, hégémonique du savoir.

Chacun des outils, chacune des démarches suivantes, invitent de manière active à prendre la mesure de notre quasi-dépendance à un cadre relevant d'une épistémologie particulière. Quasi-dépendance mais pas dépendance totale puisque ces outils, ces démarches ouvrent une brèche, une porte, dans nos certitudes pour découvrir d'autres dimensions du savoir, d'autres formes de mise en dialogue.

Ressources


Comment préparer l'enquêteur à repérer les savoirs agroécologiques :


@ Reconnaître les savoirs agroécologiques
Le système de qualifications professionnelles national (NVQ) offre la possibilité d'une reconnaissance officielle des compétences et de l'ingéniosité qui peuvent être considérées comme savoirs agroécologiques.


Pour poursuivre votre découverte de l'itinéraire de formation :
@ Faire émerger et mettre en dialogue les représentations de l'agroécologie avec un groupe d'apprenants ou comment Formaliser la perception du concept d'agroécologie ?

@ Quelles modalités et techniques d'enquête pour les savoirs agroécologiques ou comment Mener l'enquête

@ Approches et postures pédagogiques pour Favoriser l'appropriation des savoirs agroécologiques