L’entretien d’explicitation comme outil d’évaluation des acquis, des compétences et des savoirs

Domain of activity
  • Analysis of practice
  • Interview
  • Survey of territory
Objective of the tool/method Le but de l’entretien d’explicitation est de permettre l’expression de l’expérience du narrateur. Celui-ci est maître de son expression. L’enquêteur est présent en ayant une posture neutre et bienveillante par rapport à l’exposé d’expériences contextualisées et incarnées. L’enquêteur ne juge pas à priori du bien-fondé de ce que dit son interlocuteur mais permet l’analyse réflexive de son interlocuteur sur ses pratiques. Cette posture est celle de l’accompagnateur, du facilitateur d’expression. Elle demande une écoute active et parfois réactive pour « relancer » l’expression. L’accompagnateur doit être très attentif aux « silences » particuliers ; ceux qui sont de l’ordre de l’intériorisation, de la mise en souvenir. Le langage corporel, les mouvements du visage, des yeux en particulier, sont des indices forts de la remémoration des situations, y compris dans leurs dimensions émotionnelles pour l’acteur/narrateur. Ce sont ces silences qu’il faut laisser passer sans relance.
Description of the tool Identifications des savoirs par l’entretien d’explicitation Plusieurs expériences utilisées par les formatrices de l’école de bergers du Merle sont transposables dans l’évaluation des acquis des savoirs, en particulier ceux relevant de l’agroécologie. L’accompagnement VAE : Ce type d’entretien est utilisé à différent moment de la démarche. Tout d’abord pour évaluer avec le candidat quel est le titre ou le diplôme correspondant à ses expériences tant professionnelles que personnelles. Dans une deuxième phase pour permettre au candidat de déterminer quelles sont les expériences significatives qu’il décrira pour expliciter ses compétences. Enfin au cours de la rédaction du dossier, qui sera présenté à un jury paritaire de professionnels et d’enseignants, quels sont les savoirs mobilisés pour réaliser les tâches accomplies ; ainsi que l’évolution des acquis au fil des expériences. Le jury de validation entend également le candidat dans une démarche proche de ce type d’entretien avant de se prononcer sur la certification. Les échanges de pratiques entre stagiaires de la formation professionnelle Au cours des formations que nous proposons les stagiaires font des expériences de terrain dans l’acquisition de compétences complexes pour pratiquer leur métier de berger. A l’issue de périodes individualisées d’insertion en milieu professionnel nous proposons aux stagiaires d’échanger sur leurs expériences en analysant leurs pratiques et en le partageant dans le cadre d’une mutualisation des pratiques (apprendre de ses pairs). Cette démarche de petits groupes permet d’expliciter la pratique de chacun et de sortir du cadre d’évaluation traditionnel du type « c’est bien/ce n’est pas bien » ; « c’est conforme à une règle/ou pas ». L’évaluation certificative par entretien d’explicitation Les réformes successives de la certification au sein des centres de formation professionnelle continue dépendant du Ministère de l’Agriculture amènent aujourd’hui les équipes de formation à certifier de l’acquisition de compétences globales mettant en œuvre des savoirs multiples. Ce sont des compétences « transversales » utilisables dans le cadre professionnel et non pas des contrôles de connaissances académiques. Pour répondre à ce type de certification nous avons mis en place des situations d’évaluation (et de certification) par le biais d’un entretien du candidat avec un « jury ». L’entretien d’évaluation se déroule pendant 20 à 30 mn par personne. Les consignes données au candidat sont de décrire des tâches réalisées en explicitant ce qu’il mobilise comme savoirs, savoir-faire, connaissances, compétences spécifiques sur un des thèmes suivant : « alimentation » ou « reproduction » ou  « suivi des mises bas » dans le cadre du métier de berger. Le candidat peut s’appuyer sur un document qui s’appelle « carnet de fiches de tâches » qui lui est propre et où les acquisitions des gestes professionnels sont attestés par les tuteurs de stage et les formateurs de centre tout au long de la formation : par exemple « Alimenter les animaux en bergerie »; ou « Choisir les reproducteurs et identifier les animaux à réformer » ou « Surveiller le déroulement des mises-bas ». Ces différentes expériences permettent au narrateur de contextualiser ses expériences. Il emploie son propre vocabulaire, qui n’est pas forcément celui des « livres » ou des professeurs. Quand il pense que le terme n’est pas « scientifique » ou « technique »  il cherche à justifier son savoir par l’observation et là nous avons le lien avec la construction des compétences puisqu’il fait référence à son expérience et qu’il développe le raisonnement qui l’a amené à utiliser tel ou tel outil, telle méthode. La conceptualisation des savoirs se fait par l’auto analyse des compétences développées. « J’ai vu que la brebis s’isolait, elle se flairait les flancs, elle faisait son nid, et puis il y a la poche qui est sortie » « Alors là j’ai bien compris que la naissance était proche » « Au bout d’un moment, elle poussait toujours mais rien ne venait » « j’ai compris qu’il y avait un problème, j’ai décidé d’intervenir » « Comme on nous a dit à l’école j’ai mis les gants pour éviter les zoonoses (il en cite 2) » «et après j’ai remis l’agneau en place, il avait une patte repliée, c’est comme ça que j’ai su que c’était une dystocie… » Voici comment un candidat décrit une de ses interventions lors d’une mise bas potentiellement difficile en contextualisant ses observations, ses gestes, en utilisant son propre vocabulaire qu’il va rattacher à des notions et du vocabulaire scientifiques. Transposition dans l’acquisition ou l’évaluation de savoirs agroécologiques Lors des échanges d’expériences entre stagiaires nous relevons des situations qui permettent aux bergers d’appréhender la dimension agroécologique de leur pratique. Notamment toutes les notions qui relèvent de la connaissance de leur territoire, du comportement animal lié aux conditions environnementales, à leur ressenti et à leurs émotions. Le pastoralisme extensif de nombreux troupeaux ovins viande ou caprins dans le Sud de la France amène les bergers à adopter des aptitudes d’observation et d’adaptation aux milieux utilisés par les troupeaux de façon à répondre à des enjeux tant d’élevage, que de territoires ainsi qu’à des nécessités économiques et relationnelles avec des publics variés : techniciens agricoles, gestionnaires territoriaux, autres acteurs de territoire, grand public. Cela se traduit lors d’échanges de pratiques ou d’entretiens d’évaluation par des réflexions se rapportant à des savoirs que nous identifions comme ceux de l’agroécologie.
More information Cf exemple d'utilisation de l'entretien d'explicitation comme outil dévaluation de l'acquisition de savoirs agroécologiques ci-dessous :
Fichier : LentretienDexplicitationCommeOutilDevalu_bf_fichierjoint_lentretien_dexplicitation_comme_outil_devaluation.pdf Download
Contact Marie-Laure Girault
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Author of the index card Geneviève Andréis
Author structure Centre de formation du Merle - Montpellier SupAgro