Favoriser l'appropriation des savoirs agroécologiques
La formation et l'apprentissage des savoirs agroécologiques se fondent sur des approches préférentiellement constructivistes et socio-constructivistes (Cf théorie)Les méthodes ou outils pédagogiques que nous préconisons pour permettre une réelle appropriation des savoirs agroécologiques dans la respect de l'apprenant s'inscrivent dans trois paradigmes, qui s'inspirent pour partie de la typologie de Ian Morris Robottom et Paul Hart (1993) mais que nous proposons d'adapter comme suit :
1. un paradigme objectiviste où le formateur prend une posture d'expert, notamment lorsqu'il s'agit de favoriser l'apprentissage de savoirs scientifiques stabilisés, reconnus et qui ne font pas l'objet de controverses,
2. un paradigme subjectiviste où le formateur choisit alors plutôt une posture d'accompagnement ; il conduit l'apprenant à envisager la relation à son environnement comme une partie intrinsèque de soi, à apprécier les valeurs personnelles en jeu dans la construction des savoirs agroécologiques,
3. un paradigme socio-critique où sont prises en compte les pressions sociales qui influencent nos choix ; le formateur cherchera l'émancipation de la personne au travers de démarches favorisant la pensée critique (formateur = animateur).
Dans notre conception de ces interactions / transactions entre savoir et réel, nous faisons le choix de ne plus parler d'« enseignant », de « formateur », de « professeur » mais plutôt de parler d'animateur de la transmission capable de « jongler » entre différentes postures : la posture d'expert, d'accompagnateur ou d'animateur.
Nous ne souhaitons pas remettre en cause la posture d'expert qui se justifie lors de l'apprentissage de savoirs ou de pratiques agroécologiques stabilisés et reconnus par le monde scientifique et les professionnels agricoles. Au travers de démarches de monstration, de démonstration ou d'expérimentation, l'expert les justifiera en soumettant des raisonnements ou des observations ad hoc.
Cependant, les dimensions subjectives, controversées et contextualisées de nombre de savoirs agroécologiques supposent d'agréger à la posture d'expert, deux nouvelles postures complémentaires, celle d'accompagnateur et celle d'animateur.
Il est délicat de définir la notion d'accompagnement qui ne fait pas l'objet de définition consensuelle. Counseling, parrainage, mentoring, compagnonnage, tutorat, coaching sont autant de concepts qui s'en rapprochent. Dans le milieu de la formation, des recherches tendent à dire que l'accompagnement...
Quelque soit le terme choisi, il est supporté par une éthique de l'aide. Nous limitons pour notre part sa définition à une posture de médiation entre une problématique et/ou des savoirs controversés, implicites ou contextualisés et l'apprenant. L'accompagnateur s'inscrit alors préférentiellement dans des démarches visant à favoriser la collecte et l'ouverture aux possibles autour des savoirs agroécologiques ou encore dans la résolution de situations-problèmes complexes qui n'admettent aucune réponse simple.
L'animateur quant à lui s'inscrit plutôt dans une médiation entre individus autour de débats sur des questions problématiques. Mais à la différence de l'accompagnateur, il s'agit moins de résoudre la problématique, que d'autoriser, voire de favoriser la confrontation des regards divergents et de favoriser l'argumentation comme levier de l'apprentissage.
Nous reconnaissons que les postures d'accompagnateur et d'animateur sont parfois difficiles à distinguer et à adopter. Toutes les deux excluent une position d'autorité chez le formateur véhiculée par une conception dogmatique de la transmission. Elles s'appuient sur des démarches favorisant la réflexivité (1) de l'apprenant, que nous envisageons comme un des leviers majeurs de la transmission et de l'apprentissage.
(1) Par réflexivité, nous entendons des approches permettant de partir de l'expérience pour la mettre à distance et d'en retirer une connaissance porteuse de nouvelles significations.
Pour poursuivre votre découverte de l'itinéraire de formation :
@ La posture d'expert du formateur ou le paradigme objectiviste@ La posture d'accompagnement du formateur ou le paradigme subjectiviste
@ La posture d'animateur du formateur ou le paradigme socio-critique
@ Combiner différentes postures
@ Comment évaluer la formation des savoirs agroécologiques